mardi 11 mai 2010

Profession : videurs de cerveaux.




(Arthur, Castaldi, Cauet, Dechavanne, Delarue, Fogiel, Foucault, Naguy …).


Faut-il laisser la télévision à des bonimenteurs qui seraient, sans elle, marchands de cravates dans un parapluie retourné sur les grands boulevards, ou bateleurs haranguant les passantes pour qu’elles achètent le merveilleux épluche carottes et la moulinette à céleri ?

Flatter la bête qui sommeille en nous et ironiser parce qu’elle est flattée, c’est leur métier, fiston, c’est leur métier ! L’un d’eux, Bernard Monteil, a été viré après avoir avoué ne jamais regarder l’émission qu’il animait : « Vidéo Gag. C’est purement alimentaire. Je ne fais ça que pour l’argent. C’est une émission que je ne regarde pas. Mais bon, j’assois mon gros cul sur les banquettes et je touche un paquet. Je suis content. ».

Ces tueurs de culture, s’ils ne connaissaient les bornes hors desquelles se produisent parfois des fulgurantes réactions populaires, pourraient tout aussi bien faire installer des chapiteaux concurrentiels aux portes des théâtres, y produire des combats de coqs ou de gladiateurs, des concours de rots pour un livre des records : entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles. En détournant le public, ils feraient le plein tous les soirs et, en même temps, la démonstration de la ringardise de Molière, Beaumarchais, Marivaux, Shakespeare, Brecht et de cent autres, y compris des contemporains dont seules des minorités résistantes savent qui ils sont, tant la censure du petit écran les place bas dans l’échelle de la notoriété, derrière Arthur, Castaldi, Cauet, Dechavanne, Delarue, Fogiel, Foucault, Naguy, Sabatier, ces Narcisse dont la France entière, qu’elle le veuille ou non, qu’elle les méprise ou pas, connaît les visages et parfois (ô visqueuse impudeur !) les états d’âme. Mais assez mal la fortune acquise en échange des tombereaux de vide qu’ils déversent généreusement sur les cerveaux.

Théophraste
08.05.10
Source: le grand soir

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