mercredi 30 juin 2010

" Les fantômes de Léopold II " - un holocauste oublié.



Dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo le CADTM a organisé le 14 juin 2010 à Liège une conférence d’Adam Hochschild sur son livre "Les fantômes de Léopold II" (Ed. Belfond). Cette conférence était modérée par Ludo De Witte. Adam Hochschild avait fait traduire son intervention en français, voici le texte qu’il a présenté.


C’est un plaisir d’être parmi vous aujourd’hui. Par avance, je fais appel à votre indulgence car je ne maîtrise pas parfaitement la langue française. J’ai réussi à me faire aider pour traduire cette conférence, mais j’aurai peut-être aussi besoin d’aide pour les questions-réponses.

Je pense que c’est une très bonne initiative que les Belges ne laissent pas sous silence le cinquantième anniversaire de l’indépendance du Congo, en organisant des manifestations comme celle qui nous réunit. Comme toutes les relations nées du colonialisme, celle entre la Belgique et le Congo s’associent à de souffrances et injustices, et, en général, les pays coloniaux ont du mal à accepter ce genre de relations.

Par exemple, mon propre pays, les États-Unis, s’est battu, il y a cent dix ans, avec une extrême violence contre des Philippins qui défendaient leur indépendance. Plusieurs centaines de milliers de Philippins sont morts, et le recours à la torture par les troupes américaines était tellement courant que cela fit un grand scandale. Cependant, les anniversaires des événements de cette guerre passent, sans être remarqués par la majorité des Américains. Peu de réunions comme celle-ci, pas d’exposition dans les grands musées, et de nos jours, la plupart des livres scolaires américains ne mentionnent pas ou peu cette guerre.

On peut dire exactement la même chose de la longue série d’interventions de l’Armée américaine en Amérique centrale et aux Caraïbes tout au long du Vingtième siècle. Ces invasions étaient quasiment menées pour soutenir des dictateurs douteux et ont parfois renversé des gouvernements légitimes. La plupart des écoliers et des visiteurs dans nos musées d’histoire n’en apprennent rien.

Donc, aucun pays n’aime faire face en toute honnêteté et directement à de telles épisodes du passé.

* * *

Alors, quelle est donc l’histoire de la Belgique et du Congo ? Je ne vais pas tout vous raconter ici, parce que j’imagine que la plupart d’entre vous connaît cette histoire et peut-être certains d’entre vous en savent plus que moi, car, bien que j’ai écrit un livre sur le sujet, je ne suis spécialiste ni du Congo, ni de la Belgique. Cependant, je vais évoquer quelques aspects de cette histoire :

Tout d’abord, comme vous le savez probablement, le roi Léopold II commença à s’approprier ce territoire en 1879, quand il embaucha l’explorateur Henry Morton Stanley, puis, de 1885 à 1908 le Congo fut reconnu internationalement comme sa possession personnelle, privée, la seule colonie propriété privée - au monde. En 1908, une année avant sa mort, le roi vendit au gouvernement belge le Congo, qui devint le Congo belge.

Pendant et juste après le règne de Léopold II, l’économie du Congo s’appuyait essentiellement sur la récolte du caoutchouc naturel par une main d’œuvre forcée. La grande forêt tropicale d’Afrique centrale couvre à peu près la moitié du Congo, et dans toute cette région, Léopold II impose les travaux forcés à la quasi-totalité de la main d’œuvre masculine pour ramasser le caoutchouc naturel provenant des lianes à caoutchouc répartis un peu partout dans la forêt. Son armée personnelle, à savoir 19 000 hommes, conscrits noirs sous les ordres d’officiers blancs, sévissaient de village en village. Ils prenaient en otage toutes les femmes d’un village, pour obliger les hommes à aller dans la forêt pendant des journées entières, pour y recueillir leur quota mensuel de caoutchouc naturel. Les femmes étaient enchaînées, on a même des photos, et souvent violées par leurs gardes. Et, comme vous le savez probablement, le viol par des hommes armés est encore, tragiquement, le sort de dizaines de milliers, peut-être de centaines de milliers, de femmes congolaises de nos jours.

Suite à l’invention de la chambre à air pour bicyclettes et de la grande demande pour les gaines de câbles de téléphones et de télégraphes et autres besoins de l’industrie, le caoutchouc devint une matière première très prisée sur le plan mondial au début des années 1890. Comme le prix du caoutchouc augmentait, le quota mensuel que les congolais en travaux forcés devaient rapporter augmentait en conséquence, et ces hommes étaient parfois forcés d’être loin de leurs familles, dans la forêt, pendant des semaines entières chaque mois.

Ce système a entraîné de nombreuses morts. Beaucoup de femmes en otage étaient affamées. Encore plus nombreux furent les hommes forcés au travail jusqu’à la mort. Les recensements locaux de l’époque indiquent de nombreux villages comprenant plus de femmes que d’hommes. Des centaines de milliers d’hommes ont fui leurs villages pour ne pas être conscrits de force, mais les seuls endroits où ils pouvaient se cacher étaient dans la forêt profonde, où il y avait peu d’abris et de nourriture, et ils y périssaient. Des dizaines de milliers de congolais sont morts suite à leur rébellion contre le système, rébellions réprimées par les armes supérieures de l’armée privée de Léopold II. Et, quand les femmes sont otages et les hommes aux travaux forcés, il reste peu de personnes capables de s’occuper des récoltes, de chasser et de pêcher. D’où le manque de nourriture. De plus, dans des centaines de villages congolais, l’armée réquisitionnait pour ses soldats la nourriture à coups de fusils, ce qui diminuait encore les réserves de nourriture. Et quand il y a malnutrition ou famine, les maladies achèvent ceux qui normalement auraient survécu – cela a été, de loin, la plus grande cause de décès.

Une autre cause a contribué à la diminution de la population, c’est pourquoi, lorsque l’on parle du nombre de victimes à cette époque, il faut plutôt considérer la perte de population que le nombre de morts. Quand les femmes sont otages et les hommes sont aux travaux forcés, les populations ont beaucoup moins d’enfants. L’anthropologue belge Daniel Vangroenweghe cite un missionnaire catholique débarqué dans le district de Lac Mai Ndombe en 1910, qui remarque qu’il n’y a quasiment pas d’enfants de 7 à 14 ans, alors qu’il y avait beaucoup d’enfants dans les autres tranches d’âges. Cela correspondait à la période de 7 à 14 ans avant son arrivée, de 1896 à 1903, c’est-à-dire à la période où les travaux forcés pour la collecte du caoutchouc ont été le plus dur dans ce district.

Pour toutes ces raisons, on estime que la population du Congo a diminué grossièrement de moitié pendant les quarante ans qui s’étalent de 1880 à 1920, en passant de 20 millions d’habitants au début de cette période à environ 10 millions d’habitants à la fin de celle-ci.

Comme le thème de la diminution de la population au début de l’ère coloniale est controversé, j’ajouterai trois commentaires :
Premièrement, dans les sociétés sans recensement systématique, ce qui n’a pas été établi au Congo avant les années 1920, nous ne pouvons que travailler sur des estimations. Nous n’obtiendrons jamais de chiffres exacts.
Deuxièmement, quand je dis que la perte de population à cette époque est estimée à 50%, ce n’est pas moi, auteur américain, qui propose cette estimation. Je fais référence à des estimations données par des Belges. Et si je suis enclin à croire que ces estimations de très forte perte de population sont correctes, c’est que ces chiffres ont été répétés à la fois pendant la période coloniale et de nos jours. Voici quelques exemples de personnes et d’organismes qui offrent ces statistiques :
— En 1919, un organisme gouvernemental, établi à l’origine par le roi Léopold II, la Commission permanente pour la protection des indigènes, estime que la population a diminué de moitié pendant les quarante ans précédents.
— En 1920, le commandant Charles Liebrechts, qui a occupé de nombreux postes à un haut niveau dans l’administration coloniale, annonce les même chiffres.
— En 1924, un autre organisme quasi-officiel, le comité permanent du Congrès colonial national de Belgique, ne donne pas une estimation en pourcentage de la perte de population, mais déclare: «Nous courions le risque de voir un jour fondre et disparaître la population noire au point de nous trouver devant une sorte de désert.»
— Aujourd’hui, l’estimation qui fait autorité vient du Professeur Jan Vansina. D’origine belge, Vansina a passé le plus clair de sa vie aux États-Unis, mais a aussi enseigné en Belgique et en Afrique. Auteur, largement respecté, de plus d’une douzaine de livres, il est reconnu, à juste titre, comme le meilleur ethnographe actuel, spécialiste des peuples de l’Afrique centrale. Il estime également la perte de population à environ 50%.
Le Professeur Léon de St. Moulin, le démographe le plus prolifique sur le Congo, est un peu plus conservateur et estime la perte de population entre le tiers et la moitié.
Le dernier point que je veux avancer sur le sujet des morts et de la perte de population au début de l’ère coloniale est le suivant. Aussi brutale qu’elle soit, la situation au Congo n’était finalement pas différente de celle des autres régions de production du caoutchouc naturel en Afrique centrale; le Congo français, sur l’autre rive du fleuve Congo, le nord de l’Angola, sous la dominance des portugais et le Cameroun, colonie allemande à l’époque. Dans tous ces territoires, les administrateurs des colonies virent l’immense profit que le roi Léopold II obtenait par son système d’otages et de travaux forcés pour la récolte du caoutchouc naturel et ils l’adoptèrent. Et, autant que l’on puisse dire, la perte de population dans ces trois territoires a été à peu près similaire à celle du Congo.

Conquête et colonisation, particulièrement dans les premières phases, se règlent souvent de manière assez brutale. Les taux de mortalité chez les Indiens d’Amérique pendant la Conquête de l’Ouest dépassent largement ceux du Congo, par exemple. Et il en fut de même pour les peuples aborigènes d’Australie et de Tasmanie lors de la prise de pouvoir des Britanniques.

Alors se pose la question : pourquoi la Belgique est-elle la seule à faire l’objet d’une gigantesque campagne internationale de protestation contre le système de travaux forcés du roi Léopold II au début du XXè siècle? Bonne question, puisque des accusations similaires auraient pu être faîtes à tous les pouvoirs coloniaux européens. Je pense à deux raisons principales. Tout d’abord, la Belgique est un petit pays, donc plus facile à attaquer. Pendant la période parfois intense d’alliances rivales en Europe dans les années d’avant la Première Guerre mondiale, aucune super puissance ne voulait contrarier inutilement un allié majeur, ou un ennemi potentiel majeur. La deuxième raison, à mon avis, est le fait que le Congo appartenant à une seule personne, en faisait une cible plus facile. C’est toujours plus facile d’organiser une campagne si la personne unique – en l’occurrence un roi qui devenait visiblement très riche – est le coupable.

* * *

Que peut-on dire des dernières phases du colonialisme au Congo, du début des années 1920 à 1960 ?

Il y avait beaucoup moins de morts non naturelles, bien que les travaux forcés, aux conditions de travail pénibles, soutenaient toujours une part importante de l’économie jusqu’à juste après la Seconde Guerre mondiale.

Cette période, contrairement à celle de la domination de Léopold, a vu la construction de nombreux hôpitaux et cliniques, de mines et d’usines, d’églises, de routes et chemins de fer et d’écoles, dont peut–être les meilleures écoles élémentaires de l’Afrique coloniale. De nos jours, tous les visiteurs du Congo, comme moi l’an passé, verront encore nombre de ces écoles, hôpitaux et églises.

Les Belges qui sont allés travailler au Congo à cette époque, comme professeurs, prêtres, docteurs, infirmières et fonctionnaires, n’avaient, pour la plupart, peu de choses en commun avec les aventuriers et flibustiers du temps de Léopold II, venus de tous les coins du monde pour y faire vite fortune. Et certainement, nombre des écoles et hôpitaux qu’ils ont construits étaient des institutions efficaces, nécessaires qui n’auraient pas vu le jour sans eux.

Mais quand on juge conquête et colonialisme, que ce soit au Congo, ailleurs en Afrique ou le rôle colonial que les États-Unis ont joué en Amérique latine, il faut toujours s’interroger sur le pourquoi de la création de telles institutions.

Les écoles étaient construites au Congo, et ailleurs en Afrique coloniale car les colonisateurs voulaient une main d’œuvre éduquée. Mais pas trop éduquée, car cela pourrait donner aux gens des idées d’indépendance ou d’auto-gouvernance. Il y avait peu de lycées et la première université au Congo ne date que des années 1950.

Les hôpitaux et les cliniques furent construits pour assurer aux colonisateurs une main d’œuvre en bonne santé, ce qui permettait aux mines et usines de mieux fonctionner.

Les routes et les chemins de fer étaient construits principalement pour le transport des matières premières chères en dehors du pays, comme le cuivre, l’huile de palme, le coton et toute une panoplie de minerais précieux. Ceux-ci partaient en Belgique, dans d’autres pays d’Europe, et aux États-Unis, où les grandes entreprises avaient leurs sièges sociaux. Celles-ci pouvaient maintenant recueillir les profits qui allaient auparavant au roi Léopold II.

Et même les églises étaient construites non seulement pour évangéliser, mais aussi pour prêcher l’obéissance. Les premières années, les orphelinats catholiques au Congo préparaient les garçons à devenir soldats dans l’armée personnelle du roi Léopold II. Puis, vers la fin de la période coloniale, les églises ont prêché l’obéissance non seulement envers l’état, mais également envers les entreprises privées. Lors de ma visite au Congo l’été dernier, j’ai passé une nuit dans une mission catholique à Mongbwalu, dans le district Ituri au nord-est, une région de riches mines d’or. Là, dans une belle cathédrale en briques construite dans les années 1930 par les Belges, il y a encore à l’heure actuelle, au-dessus de l’autel, une grande peinture murale du temps colonial. On y voit la Vierge Marie au milieu des nuages, tandis que sous elle, de fervents croyants se tiennent bien droit, brandissant un grand drapeau avec le nom de la vieille compagnie minière belge. Un féticheur africain apeuré, terrifié par le pouvoir combiné de la Vierge et de la grande entreprise fuit la scène. Fascinante image pour un autel de cathédrale !

J’ai remarqué que, tout comme la conquête et le colonialisme sont toujours la conséquence d’une recherche du profit, ils sont aussi toujours accompagnés d’une rhétorique aux sons nobles, qui se réclame d’une intention honorable. En France, ils parlaient de «la mission civilisatrice»; en Angleterre, Rudyard Kipling parlait de la «charge de l’homme blanc» de mener le reste du monde. Les Américains blancs justifiaient la prise de l’Ouest américain des mains des Indiens en disant que c’était la «destinée manifeste» du pays de s’étendre de l’Océan atlantique au Pacifique. Le rôle des Belges au Congo, insistait un Gouverneur général, Pierre Ryckmans, était de «dominer pour servir». Mais rarement, pour ne pas dire jamais, dans l’histoire de l’humanité, je dirai, un pays a dominé un autre pays dans le but de servir son peuple. Il y a toujours d’autres motifs, parfois un mélange de stratégie et d’économie, comme les Etats-Unis en Irak ou l’Union soviétique dans les Pays de l’Est de l’Europe, et parfois principalement des raisons économiques comme c’était en général le cas en Afrique coloniale.

* * *

Je voudrais maintenant étudier la question de la perception de la Belgique , depuis 1960, sur son passé colonial au Congo, car je suis toujours intéressé de voir comment les pays font face aux périodes difficiles de leur passé.

Comme je n’ai jamais vécu en Belgique, je ne suis pas le mieux placé pour en juger, mais j’ai l’impression que, au moins jusqu’au milieu des années 1990 en Belgique, la période coloniale conservait plutôt le mythe d’un temps de gloire et de progrès. Voici quelques raisons pourquoi je pense que c’est vrai.

La première nous vient du programme de publications officiellement subventionné de l’Académie royale des Sciences d’Outre-mer, anciennement nommée l’Académie Royale des Sciences coloniales. Aucun ancien pouvoir colonial, à ma connaissance, n’a un tel organisme. L’Académie a publié plus de cent livres d’histoire et de sciences sociales, principalement sur le Congo, et la plupart sur la période coloniale. Peu d’entre eux évoquent le système des travaux forcés, pourtant un élément essentiel de la période coloniale. Un seul de ces livres peut revendiquer les travaux forcés comme thème principal.

La deuxième preuve de la glorification de la période coloniale, à mes yeux, est la manière hostile dont les spécialistes belges qui ont écrit de façon critique sur le colonialisme ont été traités, voire ignorés.

Quand l’anthropologue Daniel Vangroenweghe a publié son livre «Du sang sur les lianes» dans le milieu des années 1980, un des premiers livres de la Belgique moderne sur le système des travaux forcés, le gouvernement a envoyé une commission d’enquête au lycée où il enseignait pour examiner s’il avait une mauvaise influence sur ses jeunes élèves. Quand le feu Jules Marchal, un diplomate belge à la retraite, a publié quatre livres, d’abord en néerlandais, puis en français, sur le Congo du roi Léopold II, qui contenait une documentation extraordinaire qu’aucun érudit n’avait trouvé auparavant, ils ne reçurent aucune mention dans les magazines ou revues scientifiques belges et seulement, à ma connaissance, une critique dans un journal. Deux prêtres-anthropologues, les Pères Edmond Boelaert et Gustave Hulstaert, dans les années 1940 et 1950, recueillirent les témoignages de survivants, lorsqu’ils étaient encore vivants à cette époque, sur la période des travaux forcés pour la collecte du caoutchouc. Mais l’Académie Royale a refusé de publier leurs articles et ils durent les faire publier ailleurs. J’en profite pour saluer tous ces Belges et autres, tels Ludo De Witte, pour leur courage de mettre en défi la mythologie nationale. Dans tout pays, la mythologie nationale règne. C’est relativement facile pour un étranger d’écrire de manière critique sur de tels sujets, mais c’est souvent plus difficile pour un citoyen de le faire.

Finalement, il n’y avait encore récemment pas de meilleure preuve de l’idéologie de l’histoire coloniale que le Musée Royal de l’Afrique Centrale à Tervuren. Lors de ma première visite, en 1995, il n’y avait absolument aucune mention, ni dans les textes, ni dans les vitrines ou les expositions du musée, que durant la période où ces superbes collections ont été apportées en Belgique pour en constituer le fonds des expositions, des millions de Congolais mouraient suite aux travaux forcés. Il y avait même une liane à caoutchouc dans le musée, mais aucun commentaire sur ces hommes forcés à ramasser ce caoutchouc. Pas un mot. Cette omission était aussi grave que si, dans un musée sur la vie des plantations dans le sud de l’Amérique il n’y avait pas de commentaire sur l’esclavage. Heureusement, aujourd’hui le musée de Tervuren s’est beaucoup amélioré.

(Au fait, il n’y a toujours pas de musée national de l’esclavage aux Etats-Unis, alors que 35 millions d’américains sont des descendants d’esclaves. Comme je l’ai dit, aucun pays n’aime confronter les moments les plus difficiles de sa propre histoire).

Pourquoi le passé colonial, jusqu’à récemment, est-il tellement idéalisé ici en Belgique ? C’est assez commun : tous les pays se créent des mythes nationaux, et les célèbrent souvent même, jusqu’à ce qu’un événement ou un groupe les contraignent à reconsidérer ces célébrations. Mais il n’y a pas de population congolaise puissante politiquement en Belgique pour suffisamment faire pression pour que cette histoire soit présentée différemment. Et bien sûr, un bon nombre de Belges travaillaient au Congo pendant la période coloniale, beaucoup vivent encore, et l’on peut comprendre qu’eux-même et leurs descendants se persuadent d’avoir été engagé dans une cause noble et non dans de l’exploitation.

Je constate toutefois que les choses ont changé en Belgique, depuis les douze ou treize dernières années. J’ai l’impression que c’est dû à une série d’événements qui se sont déroulés essentiellement entre 1997 et 2001: — au Congo, le dictateur Mobutu a été renversé, puis il est mort. Il était très proche des cercles dirigeants de Belgique. C’était bien sûr la même chose pour les Etats-Unis;
— en 1999, pour la première fois depuis longtemps, les Chrétiens-démocrates ne font pas partie du gouvernement ici, ce qui permet de regarder de plus près les agissements des gouvernements précédents, aussi bien avant qu’après l’indépendance du Congo;
— Ludo De Witte publia son livre «L’assassinat de Lumumba», sur la complicité de la Belgique dans le meutre du premier ministre du Congo élu démocratiquement pour la première fois;
— Le puissant long métrage de Raoul Peck, «Lumumba», basé sur ces nouvelles informations, sort sur les écrans;
— une investigation par une commission du Parlement belge a vérifié les découvertes de De Witte, d’où des excuses de la part de la Belgique sur son rôle dans le meurtre de Lumumba;
— et, finalement, mon propre livre a été publié, et je pense que cela a eu quelque influence. Bien que, je dois dire que très, très peu de ce que j’ai dit n’a déjà été écrit avant par quelqu’un d’autre, et souvent par des Belges.

* * *

Quel avenir pour le processus de réconciliation de la Belgique avec son passé colonial ? C’est à vous de le déterminer. Je vous souhaite bonne chance en explorant ce passé, en l’explorant à fond et honnêtement, et en l’explorant avec des chercheurs, des écrivains, des artistes et des cinéastes d’autres pays, car dire la vérité doit dépasser les frontières nationales. J’espère, en particulier, que vous pourrez l’explorer en apprenant plus sur les vies et les expériences des femmes congolaises, qui ont souffert pendant l’ère coloniale et de nos jours, mais leurs voix sont rarement entendues. Et, surtout, j’espère que vous explorerez cette histoire en conjonction avec les Congolais, car c’est également leur passé et ils sont ceux dont les vies ont été les plus affectées par l’héritage du colonialisme.

Adam Hochschild
14.06.10
Source: CADTM (Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers-Monde)

mardi 29 juin 2010

Amérique centrale: Honduras 2009, retour sur un anniversaire à ne pas oublier...



Tentative de coup d’État en République du Honduras


Alerte ! Les pouvoirs publics et l’armée de la République du Honduras se rebellent contre l’exécutif pour faire avorter une consultation populaire qui vise - à moyen terme - à remplacer la démocratie représentative par une démocratie directe et participative !

Dans une république d’Amérique Centrale qui depuis son indépendance de l’ex-Empire espagnol en 1844 a souvent vécu sous la dictature militaire (la dernière couvrant la période 1973-1980), une république qui a servi de base d’opérations dans les années 80 pour les actions d’ingérence dans le Nicaragua sandiniste et le Salvador, une république où seuls deux partis politiques se disputent le pouvoir depuis trente ans, dont l’oligarchie n’est composée que de cinq familles, qui a un million de jeunes ressortissants vivant aux États-Unis et où 6 personnes sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté … les pouvoirs publics et l’armée se rebellent contre l’exécutif pour faire avorter une consultation populaire qui vise - à moyen terme - à remplacer la démocratie représentative par une démocratie directe et participative !

Dès le début de son mandat en janvier 2006, le président, Manuel Zelaya, élu en tant que conservateur et membre du Parti Libéral, avait pris ses distances avec les groupes de pouvoir économique. Il a supprimé les subsides étatiques aux grandes entreprises, combattu l’évasion fiscale, la vente d’armes, celle de médicaments aux mains d’un potentat de la presse, aboli le monopole d’importation de combustibles, supprimé des subventions présidentielles millionnaires aux grands médias, décrété une augmentation substantielle du salaire minimum, et, pour répondre aux revendications des populations, ouvert une sorte d’audit social au Palais Présidentiel.

Dès le début de son investiture il a fait adopter une loi appelée «Loi de la Transparence» qui annule le secret frappant les documents dits “privés”, permettant ainsi aux citoyens d'avoir accès à tous les documents les concernant.
En même temps, il a fait adopter une loi, appelée «Loi de participation citoyenne», sur la participation citoyenne concernant les questions qui préoccupent les peuples, leur donnant la possibilité de manifester leurs opinions, de participer aux enquêtes et d'être consultés.

L’article 5 de cette Loi dit : «L'initiative citoyenne est un mécanisme de participation au moyen duquel le citoyen pourra présenter les demandes suivantes : solliciter aux membres officiels de l'État qu'ils convoquent la citoyenneté pour que celle-ci fasse connaître son opinion, formuler des propositions et des solutions aux problèmes qu'elle rencontre».

Sur la base de cette loi, et après la collecte de presque 500.000 signatures citoyennes, il était question d'installer des urnes dans les 15 000 bureaux de vote pour une consultation populaire le dimanche 28 juin 2009. Cette consultation populaire porte sur l'installation d'une quatrième urne lors des élections générales de novembre 2009 pour le vote positif ou négatif à propos de la convocation d’une nouvelle Assemblée Constituante, ce qui permettrait une participation populaire directe, une réforme de la Constitution.

La question qui sera présentée aux votants lors de cette consultation citoyenne est la suivante : «Êtes-vous d’accord pour que l’on installe une quatrième urne aux prochaines élections présidentielles afin de convoquer à l’élection d’une Assemblée Constituante?»

Cette consultation n’est pas de nature référendaire, plébiscitaire ou électorale. Il s’agit d’un acte d’évaluation statistique. En d’autres termes, il s’agit d’une enquête nationale d’opinion. La compétence du Tribunal national électoral n’est pas requise et l’enquête peut même être conduite par un organisme privé.

À quatre jours de cette enquête nationale, le mardi 24 juin, le chef d'état-major général des forces armées, le général Romeo Vasquez, responsable de la logistique et de la distribution des urnes a informé le président Zelaya, son supérieur direct et chef de l’État, de son intention de ne pas accomplir cette fonction présentant l'argument pseudo-légaliste de la soi-disant illégalité de l’enquête.

Pour l’essentiel, cet argument est fondé d’une part sur le fait que la Constitution actuelle, rédigée sur mesure pour préserver les intérêts des puissants, interdit tout changement substantiel du texte constitutionnel. Or, la question qui sera formulée lors de ladite enquête porte en soi la possibilité d’un changement radical.

Le lendemain, le Président Zelaya a annoncé publiquement sa décision de limoger Romeo Vásquez et le surlendemain — sans avoir reçu aucun document de la part de l’exécutif confirmant sa décision de limogeage — la Cour suprême de justice, qui ne fait justice qu'aux riches, aux banquiers et aux puissants de ce pays, a déclaré la destitution de Romeo et la consultation comme illégales, et, pour ce qui est de la consultation, sans jamais avoir officiellement questionné cet acte par voie légale.

De leur côté, le Procureur de la République et le Parlement — qui s’est réuni le même jour en session permanente pour évaluer la possible destitution du président — se sont immédiatement rallié à la décision de la Cour suprême de justice. Et pour cause! Zelaya avait également pris ses distances à plusieurs reprises avec ces dignes représentants de la démocratie bourgeoise au point de ne pas transmettre au Parlement le budget de l’année en cours (2009) pour empêcher que les impôts des citoyens ne financent la campagne des partis traditionnels, alliés contre l’intérêt des peuples et contre l’exécutif, qui, du coup, s’est retrouvé sans presque aucun représentant au Parlement.

Quant aux médias, qui ont orchestré une campagne médiatique (donc psychologique) millionnaire pour déclarer la consultation illégale et discréditer l’exécutif au moyen d’arguments obsolètes (suppression de la propriété privée) et des fantasmes (enfants enlevés à leur famille par l’État) qui rappellent ceux de la Guerre Froide, désinforment, terrorisent et œuvrent dans le sens de la sédition. Ils ont même proposé d'arrêter la guerre médiatique contre Zelaya si celui-ci annulait la consultation.

De toute évidence, les trois grands pouvoirs du Honduras  - les grands entrepreneurs industriels, les médias et les forces armées - ne veulent surtout pas que le peuple s’organise.

À un autre niveau, dans cette République, lorsque le peuple fait montre de son intention et de son esprit républicains, le pouvoir judiciaire (allié de l'oligarchie) intervient et oppose un déni des volontés du peuple en boycottant le pouvoir exécutif qui le soutient …

Ces récents événements en Honduras ressemblent à une triste et macabre «répétition» que l'Amérique Latine connaît si bien : tentative de coup d'État de la part des pouvoirs réactionnaires publics, privés et militaires contre un gouvernement qui s'est progressivement placé du côté des laissés-pour-compte dans le cadre du Socialisme du XXIe siècle en Amérique Latine!

Les huit pays membres de l’ALBA (Alliance Bolivarienne pour les Amériques et la Caraïbe), dont le Honduras fait partie depuis août 2008, ont manifesté leur soutien dans un communiqué officiel : «Nous déclarons que nous nous mobiliserons aux côtés du digne peuple du Honduras devant toute tentative de l’oligarchie de briser l’ordre constitutionnel et démocratique dans cette République, notre sœur de l’Amérique Centrale».

L’OEA (Organisation des États Américains), organisme à la longue trajectoire pro-étatsunienne, a publié un communiqué en faveur de l’état de droit en Honduras soutenant implicitement la consultation. Elle enverra ses chargés de mission en Honduras et ce, même après que ces représentants de l’OEA aient été déclarées persona non grata par le Parlement hondurien.

La Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme et de nombreux présidents et premiers ministres latino-américains ont également fait connaître leur soutien au peuple hondurien et au président Zelaya.

Mercredi 24 juin dernier (2009), le président de l’Équateur, Rafael Correa, déclare : «L’oligarchie a recours à des formalismes légaux qu’elle respecte au maximum lorsque cela lui convient et piétine allègrement lorsqu’ils ne servent pas ses propres intérêts».

Jeudi 25 juin (2009), le président du Venezuela, Hugo Chávez, signale dans une déclaration télévisée que toute ressemblance entre ce qui se passe en Honduras et les événements survenus au Venezuela en 2002 ne relèvent pas de la pure coïncidence.
Le même jour, Fidel Castro écrit : « Zelaya n'a absolument pas violé la loi, il n'a fait aucun coup de force. […] Ce qui se passe dans ce pays sera un test pour l'OEA et pour l'administration étasunienne».
Le président Zelaya, accompagné par une foule nombreuse, se rend à l’aéroport de Toncontin, près de la capitale Tegucigalpa, pour récupérer le matériel électoral réquisitionné dans les installations des Forces Aériennes. Le soir même, ce matériel commençait à être distribué par les citoyens, venus en renfort avec leurs véhicules, dans les 18 départements du pays.

Vendredi 26 juin (2009), informé des menaces proférées par les patrons aux travailleurs qui participeraient à la consultation et au regard du vaste terrorisme médiatique déployé, le Palais Présidentiel annonce l’ouverture, dans diverses villes du pays, des bureaux de plaintes tenus par la COFADE (Comité des détenus et des disparus) et la CODE (Comité de défense des droits de l’Homme).

Samedi 27 juin (2009) au soir, toutes les urnes étaient distribuées, certaines à dos de mule, grâce à la participation volontaire de 45 000 citoyens. À la demande de l’exécutif, elles sont gardées jalousement par le peuple et la police alors que les militaires sont tenus, par ordre du Président, de ne pas sortir de leurs casernes le jour de la consultation.

Dimanche 28 juin (2009), les urnes sont installées dans tous les parcs des villes principales où devront se rendre les citoyens pour exercer leur droit de participation.
Le directeur des Opérations électorales de l’OEA, Raúl Alconada, qui est déjà arrivé en Honduras a déclaré : «Espérons que cette participation se déroulera de manière pacifique et que les groupes politiques qui s’y sont opposés sauront faire une lecture appropriée de ce que signifie une participation politique citoyenne».

Mais en ce jour de consultation populaire, à l’aube, 200 militaires cagoulés ont pénétré par effraction dans la résidence du président Zelaya à Tegucigalpa. Il a été frappé et séquestré puis emmené au Costa Rica. De la tentative de coup d’état technique on est passé au coup d’état militaire effectif.
On a également violenté et séquestré la Premier Ministre, Patricia Rodas, qui sera expulsée du pays. Les ambassadeurs du Venezuela, du Nicaragua et de Cuba qui l’accompagnaient ont également été frappés par les militaires.
Le peuple s’est réuni autour du Palais présidentiel et chose intéressante : les gens ont déposé des urnes sur les toits des voitures et votent tout de même.
Dans le pays on a coupé l’électricité, les lignes téléphoniques et les télévisions et radios ont cessé d‘émettre. Seule la communication satellisée est possible.

Marina Almeida
28.06.09
Source: netoyens info


... 1 an après le coup d'Etat, le Honduras résiste...

« Nous devons vaincre le coup d'État, l'impunité et  la terreur ». 
Manuel Zelaya, président légitime du Honduras depuis janvier 2006, a été dérogé le 28 juin 2009 par un coup d'État. Depuis le 27 janvier 2010, il se trouve avec son épouse et sa cadette en République Dominicaine.
Entretien réalisé par Manola Romalo.

Ce 28 juin le peuple hondurien sort protester dans tout le pays contre le coup d`État perpétré il y a un an par une clique d’oligarques, parrainé par Washington. Sous l’hospice d’un gouvernement fantoche mis en place en juillet 2009 -  suivi par les élections présidentielles manipulées  de  janvier 2010 -  des  paramilitaires ont assassiné à ce jour des dizaines de membres de la Résistance, des syndicalistes, des enseignants, des journalistes. Protégeant ses  intérêts économiques, l’Union Européenne n’y voit que du feu.

Manola Romalo: Monsieur le Président, cela fait un an aujourd’hui qu’une clique d'entrepreneurs envoyèrent des militaires vous kidnapper dans votre maison sous le feu des balles. Que signifie cet acte pour l’avenir du Honduras?
Manuel Zelaya: En ce moment, ils ont plus de problèmes qu’auparavant : ils ont fait prendre conscience, non seulement au peuple hondurien mais aussi  aux peuples d’Amérique Latine,  de la menace que représente l’ambition économique pour les démocraties.  Avec cette attaque, ils ont réussi à accélérer les processus de transformation à travers lesquels sont nées de nouvelles forces d’opposition.
L’influence des grandes multinationales s’étend à la politique étrangère des Etats Unis,  preuve que l'administration d’Obama - de même que celle de son prédécesseur - est tombée dans l’effrayante erreur d’appuyer le terrorisme d’État. Ils ont recommencé à faire des coups d’État, méthode pratiquée déjà dans le passé par une extrême droite acharnée à semer la barbarie à travers le monde.

M R: Quoique les putschistes,  parrainés par Washington, essayèrent de maquiller en démocratie les élections présidentielles de novembre 2009,  une grande partie de la communauté internationale n’a pas reconnu la légitimité du gouvernement  en place.  Quelles transformations  démocratiques veut le peuple hondurien?  
M Z: J'ai présenté un plan de réconciliation en 6 points qui passent par le respect des Droits Humains et la fin de l’impunité. C'est le chemin correct pour annuler le putsch et retourner à l’Etat de droit. Avec leur position inflexible et extrémiste de laisser impuni ce putsch au Honduras, les États-Unis et leurs alliés créoles n'appuient pas ce plan et n’aident en rien la réconciliation du peuple hondurien.
Contrairement à ce que nous avons espéré, avec ses déclarations, le Département d’État ignore le crime qu’il condamna antérieurement et nomme «crise politique» des faits qu’il occulte: l'immunité et les privilèges des putschistes.

M R: Le Ministère allemand des Affaires Extérieures informe sur son site Internet , qu’«après le coup d`État», le gouvernement allemand ne reprendra pas de nouveaux  projets d’aide pour le Honduras, mettant également court aux «consultances gouvernementales». Quelle est la situation économique du pays?
M Z: Les chiffres sont plus éloquents que les mots. En trois ans nous avions réalisé les meilleurs indices de croissance de l’histoire du Honduras: 6,5 et 6, 7 %. Pour la première fois en trente ans, la pauvreté avait été réduite à plus de 10 %.
Par contre, depuis le coup d'État, le pays est entré dans une récession économique,  le nombre de pauvres a augmenté,  les investissements de l’Etat et ceux des particuliers ont été réduits de façon significative. Les dommages causés par le coup d'État dans le processus de développement économique du pays vont durer au moins dix ans avant d’être réparés.

M R: Ce 28 juin, il y aura de grandes manifestations dans tout le pays, le peuple va débattre les principaux articles de la Déclaration Souveraine. La Résistance veut  «refondre le Honduras». Quelles sont les étapes nécessaires?
M Z: Nous devons vaincre le coup d'État, l'impunité et la terreur. L'Assemblée National Constituante, avec la participation de tous les secteurs, est l’instrument légitime pour reconstruire la démocratie, l’ordre constitutionnel et l’Etat de droit.
L’organisation, la conscience et la mobilisation sont nécessaires pour renforcer le Front National de Résistance Populaire (FNRP) qui est la force sociale et politique de la Résistance contre le coup d’État.  Nous avons la responsabilité de la reconstruction, le peuple doit reprendre les affaires en cours pour transformer le pays.

M R: Monsieur le Président, dans le contexte politique du Honduras, le peuple réclame énergiquement votre retour. Quels sont vos projets?
M Z: Le futur n'est pas très loin. Toutefois je fais des projets pour le présent: je veux réussir à vaincre les espaces d'impunité avec lesquels les putschistes prétendent couvrir les crimes contre la démocratie et contre l'humanité.  
Mon retour devra être immédiat, il n´existe aucun prétexte ni justification qui expliquerait l'absence absolue de garanties pour mon retour. Il n’est pas possible que quelqu’un prétende voir les victimes soumises à la justice de leurs bourreaux.
Mon retour est lié à la  reprise de l’Etat de droit au Honduras. Le propre président Porfirio Lobo affirme être menacé, ajoutant en même temps qu’il garantit ma sécurité.
Évidemment, ils utilisent les Honduriens comme des cobayes, les putschistes font de ce pays un laboratoire de violence. Ils recourent aux castes militaires pour réprimer le peuple et créer le chaos afin de maintenir le contrôle sur la société. Peu leur importent les conséquences du processus d'intégration régionale et la confrontation, doublement éprouvés, avec les organismes multilatéraux.
Les preuves sont sous nos yeux: ils ont créé un nouveau régime de terreur et de persécution. Et les Etats-Unis ont beaucoup perdu de leur prestige en Amérique Latine.

27.06.10
Source: michel collon

lundi 28 juin 2010

"L’Amérique du Sud est une source d’inspiration, de lutte et d’optimisme"



Entretien avec Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche (PG)


Jean-Luc Mélenchon a non seulement été un leader étudiant, un dirigeant syndical, un journaliste et un professeur de français, il a aussi fait partie de la direction nationale du Parti socialiste (PS) dont il a démissionné pour créer le Parti de gauche (PG) en novembre 2009. L’ex-sénateur Mélenchon est aujourd’hui député européen. C’est l’un des rares hommes politiques européens au fait des processus politiques et sociaux en cours aujourd’hui en Amérique du Sud. Il répond ici aux questions de Hernando Calvo Ospina

Hernando Calvo Ospina : Que pensez-vous de l’analyse des dirigeants de gauche en France sur les processus politiques et sociaux que vivent des pays comme le Venezuela, la Bolivie ou l’Equateur?
Jean-Luc Mélenchon : La majeure partie des dirigeants de gauche a vu dans mes réflexions sur l’Amérique latine une sorte d’exotisme. En particulier les dirigeants du PS, avec qui il fut impossible de mener une discussion sérieuse sur ce thème, car ils se satisfont de la pauvreté intellectuelle, culturelle, politique et socialiste d’une bonne partie de la gauche européenne qui encourage leur paresse.

Les dirigeants du PS français et de la social-démocratie européenne, en effet, sont en général des personnages que je considère comme des poulets élevés en batterie.Ils sortent des grandes écoles, sans aucun passé militant dans les luttes populaires, et encore moins dans l’internationalisme politique. Ils montent les marches du pouvoir politique en croyant que leur discours de gestionnaires, c’est du socialisme. Et ils font croire que ça se résume à ça.

Ces dirigeants n’ont jamais compris ce qui se passe en Amérique latine parce qu’ils ne se sentent pas concernés. Dans le meilleur des cas, ils se contentent de reproduire le discours de la propagande étasunienne, repris par la majorité des médias.

La social-démocratie européenne ne voit pas l’intérêt de tirer des leçons du modèle politique suivi actuellement par l’Amérique du Sud. Elle ne veut même pas savoir que les Latino-Américains sont fatigués des recettes du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et de ses hommes politiques traditionnels. Pourtant elle devrait en prendre de la graine, car ici notre peuple suit ce même chemin, et elle pourrait finir plus isolée qu’elle ne l’est déjà.

Le président Hugo Chavez note, comme moi : « Les gens ne veulent pas comprendre que pour redistribuer les richesses auprès des pauvres, il faut changer les institutions ». Et Chavez nous interpelle : « Parce qu’il existerait une alternative ? Et où se trouvent donc vos magnifiques modèles, vous les Européens, que l’on devrait prétendument imiter ? ». Et il a raison, car ce que l’on a à lui montrer, à lui proposer, c’est le modèle grec, dont le chef de file est le président de l’Internationale socialiste, de la social-démocratie, George Papandréou (le fils), qui s’est fait élire sur un discours de gauche et qui a ensuite soumis son pays aux banquiers. Et on voit le résultat…

C’est donc pour cela que j’ai demandé à ces dirigeants qu’ils se taisent, et qu’ils observent avec respect le chemin montré par Chavez, Evo Morales en Bolivie, Rafael Correa en Équateur ou José Mujicaen Uruguay. Non pas pour les imiter, mais pour apprendre d’eux. Mais leur arrogance les en empêche, bien que la social-démocratie soit enlisée, et que même ses propres dirigeants ne croient plus dans ce modèle comme projet pour le futur. Ils préfèrent arguer que le marché est une puissance neutre que l’on peut manœuvrer, une force qui avance, mais seulement sans savoir où elle va.

HCO : Vous ne trouvez pas qu’il existe en France, et en Europe en général parmi certains intellectuels et de nombreux médias, une sorte de hargne contre ces dirigeants?
J-LM : Le néolibéralisme a engendré un niveau incroyable de destruction et de régression dans les sociétés latino-américaines. Il a œuvré pour la destruction du rôle de l’Etat, sous prétexte que c’était un système collectif inefficace et bureaucratique qu’il fallait donc supprimer et remplacer par les entreprises privées. Aujourd’hui le rôle de l’Etat a presque complètement disparu, et les services rendus sont mauvais et chers. Je pense qu’au Venezuela, en Bolivie, en Uruguay, en Équateur et dans d’autres pays d’Amérique latine, on prend la bonne direction pour sortir de ce schéma-là.

Beaucoup d’entre ceux qui se disent intellectuels, une grande partie de la presse, et j’inclus de nombreux secteurs de gauche, sont hostiles à Chavez et Morales, surtout. Pour eux il ne suffit pas qu’ils soient arrivés au gouvernement par la voie démocratique, ou qu’ils fassent baisser le taux de pauvreté en un temps record, ou qu’ils alphabétisent, ou bien qu’ils permettent aux pauvres l’accès à la santé. D’ailleurs ils l’ignorent. Ces aspects si essentiels sont perçus comme secondaires.

L’argument de toujours : dans ces pays, «on manque de libertés». On exige d’eux une liberté de presse inconcevable même en Europe. Ici on ne peut ni insulter ni calomnier le président ou le roi ni aucune autorité de l’Etat, et c’est pourtant bien ce que fait la presse d’opposition dans ces pays. Ils disent que Chavez est un dictateur, mais ils éludent qu’il a gagné douze processus électoraux tout à fait ouverts.

Ces gens-là reprochent à Morales, à Chavez ou à Correa d’avoir «confisqué» le pétrole et le gaz aux multinationales. Mais ils oublient de dire que c’est pour les rendre aux peuples. J’applaudis leur décision! Car, en France et en Europe, on nous a aussi raconté qu’en privatisant tout, ça améliorerait notre vie. C’est tellement faux ! Tout est cher et marche plus mal depuis. Les élites craignent que le peuple français et les peuples européens voient comment des pays qui se trouvent aux portes de l’empire étasunien résistent et avancent grâce à un autre type de logique - je ne dis pas de modèle, je dis de logique - en essayant de construire un autre type d’organisation sociale pour le bien de la grande majorité, c’est-à-dire les pauvres. Les attaques contre Chavez, Morales, Correa ou Mujica naissent de la mauvaise conscience à propos de ce qui se passe ici. Ils veulent cacher le fait que tandis que, là-bas, ils sont en train de réduire la pauvreté, ici la misère augmente.

HCO : Ce que l’on peut facilement percevoir, c’est que ce ne sont pas de simples attaques, sinon des campagnes bien orchestrées contre ces dirigeants.
J-LM : Cracher sur l’Amérique latine qui change est le ticket d’entrée pour appartenir au club des bien-pensants, des personnes qui méritent le respect et la considération des médias. L’extraordinaire alignement de la France sur les intérêts des Etats-Unis qui d’ailleurs implique aussi de nombreux secteurs de gauche, a accru ce mépris. Les grotesques campagnes de désinformation que lance régulièrement la CIA démontrent comment les officines de propagande et autres agences étasuniennes bénéficient de beaucoup de complicité et de facilités dans toutes sortes de sphères dirigeantes.

Avec Chavez, les exemples ne manquent pas. Les campagnes se montent aux Etats-Unis et arrivent en France et dans les autres pays européens via les médias espagnols. Ce qui est absurde, c’est qu’elles sont régulièrement reprises par les partis de gauche comme étant véridiques, sans qu’ils se donnent la peine de vérifier leur contenu.

J’ai vécu cette situation au Parti socialiste. Je me rappelle qu’une fois j’ai demandé au premier secrétaire du Parti s’il était d’accord avec un communiqué qui allait être publié contre Chavez. Il m’a dit qu’il ne savait pas de quoi il s’agissait. Après lui avoir expliqué que l’information était tronquée, on a décidé de vérifier d’où provenait l’idée centrale du message, jusqu’à ce qu’on aboutisse à ce que je considère comme des agents d’influence de Washington. Pure coïncidence? Les auteurs étaient des personnes qui avaient été invitées aux Etats-Unis par des institutions politiques ou des universités, tous frais payés. Cela crée des relations de reconnaissance mutuelle, d’amitié et de gratitude, que ces personnes manifestent en appuyant ces campagnes d’opinion quand on le leur demande. Ces personnes existent dans le PS et dans beaucoup d’autres partis en Europe, de droite comme de gauche, et elles sont directement liées aux agences étasuniennes. Elles sont en quelques sortes payées pour accompagner leurs intérêts.

HCO : Et dans ce contexte que tu décris, qu’en est-il de Cuba ? On ne peut pas oublier que ce processus a été constamment attaqué depuis plus de cinquante ans.
J-LM : Je ne suis pas un fin connaisseur de Cuba, mais en revanche j’en suis un observateur attentif. Je peux dire que Cuba, en Amérique latine, bénéficie d’une autorité et d’une audience qui est totalement incomprise en Europe. Ici, quand on parle de Cuba, c’est pour la cataloguer comme une dictature et pour dire qu’il n’y a pas suffisamment de liberté. L’obsession des médias, tous attentifs aux Etats-Unis, est de trouver un dissident ou un prétendu prisonnier politique pour en faire un héros et ainsi justifier leurs dénigrements. Ils ne mentionnent jamais les presque 600 attentats que la CIA a préparés contre Fidel Castro, ni le terrible embargo imposé par les Etats-Unis.

En Europe, Cuba fait les frais d’une vision totalement déséquilibrée et absurde. Ici on nous empêche de comprendre la réalité politique, humaine et même spirituelle de ce pays et de l’Amérique latine en général. Cuba génère de la vindicte parce qu’elle incarne un sentiment d’indépendance, parce qu’elle a donné une autre vision de la souveraineté populaire. De quelle souveraineté populaire pourrait-on parler en Europe, quand les nations elles-mêmes sont soumises in fine aux Etats-Unis, et ses citoyens soumis individuellement à des contrôles étatsuniens? Quelle souveraineté populaire existe-t-il en France où, par exemple, la majorité des citoyens vote contre la Constitution européenne et où le gouvernement la fait ensuite approuver par le Parlement?

Il faut être lucide et comprendre que Cuba provoque de la hargne chez les puissants car c’est le foyer qui maintient l’idée, le rêve éveillé de pouvoir construire quelque chose de différent, et qui continue à avancer, malgré tous les problèmes matériels auquel elle est confrontée. Je félicite Cuba, sa résistance et les contributions qu’elle a faites à la science, à la culture, au sport et à l’histoire universelle.

Beaucoup d’hommes politiques, de médias et d’intellectuels en Europe ne veulent pas comprendre qu’en Bolivie, au Venezuela et dans d’autres nations sud américaines, la majorité a décidé de se gouverner librement. Et cette rébellion latino-américaine n’est pas nouvelle: elle existe depuis les guerres d’indépendance, il y a 200 ans. Les Latino-Américains ont toujours cultivé la rébellion par soif de liberté.

HCO : Et pour terminer ?
J-LM : Chaque fois que j’en ai l’occasion, je parle de l’Amérique latine, et en particulier de ces peuples qui luttent actuellement pour construire leur société différemment. En Europe, on devrait regarder dans cette direction, car c’est une source d’inspiration, de connaissances, de lutte et d’optimisme, dont on a bien besoin ici. Il n’existe pas d’autre endroit au monde où l’on trouve tout cela.

Hernando CALVO OSPINA, Jean-Luc MELENCHON
23.06.10
Source: le grand soir
 

NOTE DU GRAND SOIR :
On se souvient aussi qu’en avril 2009, c’est la présence d’Hernando Calvo Ospina dans un avion régulier d’Air France qui incita les USA à dérouter cet avion. Voir : http://www.legrandsoir.info/L-homme-qui-fait-trembler-les-USA.html

dimanche 27 juin 2010

"Israël" risque de disparaître dans vingt ans. CIA ?




Cette conclusion serait le fruit d’une étude rédigée par la « Central Intelligence Agency » plus connu sous les initiales CIA, et serait distribué dans un milieu très restreint.
Elle a été présentée dans un article rédigé par un site américain : « End Time Prophetic World » .

En voici la traduction de ses idées principales.

Le rapport aurait critiqué entre autre la solution des deux états, estimant qu’elle n’est pas applicable. Lui substituant celle d’un seul état démocratique dans lequel coexistent ensemble toutes les communautés, qui y jouiraient, quelque soient leurs races ou leurs religions, d’un statut de citoyenneté égalitaire.

L’étude de la CIA qualifierait «cette solution de la plus adéquate, et la plus juste,  car elle met un terme au spectre désagréable de l’état colonialiste d’implantation raciste».

Le rapport serait également arrivé à la conclusion selon laquelle il n’y aura pas de solution au conflit au Moyen Orient sans le retour des réfugiés palestiniens des territoires de 1948 et de 1967.
Or, au cas de ce retour, prévoit l’étude, quelques deux millions de juifs israéliens pourraient quitter la région pour se rendre au États-Unis, signalant que près de 500 mille Israéliens détiennent un passeport américain, dont 300 mille qui vivent dors et déjà en Californie. Alors que ceux qui n’en détiennent pas ont déjà présenté des demandes pour se l’acquérir.
L’étude américaine prévoirait également le retour de quelques un million et demi de juifs israéliens en Russie, et dans les pays occidentaux, de crainte de ne devenir qu’une minorité en raison de leur faible taux de natalité par rapport aux Palestiniens.

Interrogé par le site sur la teneur de ce rapport,  l’expert en droit international Franklin Lamb est allé dans le même sens que celui du présumé rapport de la CIA, affirmant que «les Israéliens sont entièrement conscients de ce qui les attend».
Et d’assurer entre autre que «les Américains ne continueront pas à marcher à contre courant de l’histoire, en poursuivant indéfiniment leur soutien à ce régime d’apartheid».

Toujours selon Lamb, «vu ce que les Israéliens sont en train d’infliger aux Palestiniens dans la Bande de Gaza, il faut s’attendre à un changement dans l’opinion publique américaine, qui se démarquera de celle qui a régi durant les vingt cinq dernières années»

25.06.10
Source: al manar

samedi 26 juin 2010

Une attaque imminente contre le Pakistan et l'Afghanistan




Pourquoi crier « au loup » avec l’État major israélien ?


On fait grand cas depuis quelques jours du fait qu’une escadre américaine a traversé le canal de Suez en direction de la Mer Rouge. Le porte-avion Truman et une douzaine de navires d’escortes, dont un lanceur de missiles israélien, se dirigent vers le Golfe Persique selon le journal Haaretz lui-même alimenté de première main par l’État major israélien (1).

Pendant ce temps, des officiers de l’armée israélienne, encore eux, informaient le Sunday Times de Londres de l’accord de l’Arabie saoudite pour un usage offensif de son espace aérien en prévision d’une attaque israélienne imminente contre les centres de recherche nucléaire iraniens. Devant le démenti formel et précipité de l’Arabie saoudite, les colporteurs de rumeurs se sont fait souffler une voie alternative soit: la Jordanie, l’Irak puis le Kuweit sous occupation américaine (2) seraient le nouveau couloir d’attaque imminente contre l’Iran. Des bombes de fort tonnage, anti-bunkers Blu-117 seraient acheminées vers la base américaine de Diego Garcia et vers les dépôts de sécurité américains en Israël. Les avions américains B-2, capables de percer les défenses anti-aériennes iraniennes, seraient prêts à décoller pour attaquer l’Iran, sans compter qu’un sous-marin nucléaire Dolphin, fourni par l’Allemagne à Israël, mouillerait dans le Golfe Persique. 

Comme si ce scénario d’apocalypse ne suffisait pas, le journal Il manifesto colporte une autre information très précise, émanant elle aussi de l’État major israélien: des troupes aéroportées et des marines feraient parties de l’escadre qui a traversé le canal de Suez. Le mystérieux officier d’État major israélien a toutefois refusé de dévoiler la date et l’heure précise de l’attaque contre le centre nucléaire iranien de Bushehr. On s’étonne d’un tel manque de courtoisie de la part d’un officier aussi prolixe. (3)

Pour Michel Chossudovsky la dernière résolution du conseil de Sécurité de l’ONU autorisant des sanctions aggravées contre l’Iran ne serait rien de moins qu’un «Feu vert» de l’ONU à une attaque préventive américano-israélienne contre l'Iran. Monsieur Chossudovsky de conclure que «La  résolution du Conseil de sécurité transforme l'Iran en proie facile» (4).

Aucune résolution de l’ONU ne peut transformer l’Iran en proie facile pour l’impérialisme américain.  Les États-Unis l’ont déjà prouvé lors de l’invasion de l’Irak, ils se passent très bien des résolutions de l’ONU quand ils décident d’agresser et d’envahir un État libre et indépendant. Les États-Unis n’ont absolument pas besoin des avions F-16 qu’ils ont fourni aux Israéliens, non plus que du navire porte-missiles ou encore moins du sous-marin nucléaire israélien de seconde main pour effectuer cette agression contre les centres de recherche nucléaire iraniens. Lors de l’attaque contre l’Afghanistan, de même lors de l’invasion de l’Irak, officiellement, les troupes israéliennes avaient été tenues à l’écart du théâtre des opérations. Si des avions B-2 sont basés à Diego Garcia, ils peuvent effectuer le travail de destruction, il est inutile d’y impliquer les avions américains pilotés par des Israéliens et il est totalement ridicule d’amener un porte-avion américain dans le Golfe Persique pour en faire la proie de la contre-offensive iranienne et pour éventuellement le bloquer avec toute son escadre dans cette petite mer intérieure en cas de fermeture de l’étroit Détroit d’Ormuz.

Enfin, les États-Unis en sont-ils réduits à envisager l’utilisation de l'arme atomique contre l’Iran ?  Non, pas encore assurément. Dernier argument, après  la déconfiture irakienne dont les Américains ne sont toujours pas sortis, mais dont ils espèrent se sortir prochainement grâce à la collaboration de l’Iran Chiite et de son appel au calme en direction des résistants Chiites irakiens, il est absolument exclu que les États-Unis envisagent un débarquement et une invasion terrestre de l’Iran. Soyons sérieux, un million de soldats irakiens ont été tenu en échec par l’Iran Khoméniste. Combien de soldats américains seraient requis pour l’occupation du territoire iranien? 

Sans compter que les troupes de l’OTAN s’embourbent de plus en plus en Afghanistan où elles sont mises en échec par la résistance afghane qui ne bénéficie pas du tout du soutien iranien,  mais seulement du soutien de leurs frères d’armes du Pakistan où les attaques aériennes américaines font de nombreuses victimes civiles mais ne marquent  aucun progrès militaire. Imaginez quelques instants l’avenir des troupes de l’OTAN dans cette partie du monde si l’Iran soutenait la résistance afghane, la résistance pakistanaise, et si elle lançait la résistance Chiite irakienne contre les collaborateurs kurdes et contre les collaborateurs irakiens!  Après tous ces désastres militaires américains, qui croira sérieusement que les États-Unis s’apprêtent à ouvrir un nouveau front militaire contre l’Iran ?

La Résolution 1929 de l’ONU
Que dit la Résolution 1929 présentant une nouvelle volée de sanctions, adoptée par le Conseil de sécurité le l’ONU le 9 juin dernier? "Le Conseil de sécurité a voté l'imposition d'une quatrième série de très larges sanctions contre de la République islamique d'Iran, qui comprennent un embargo sur les armes ainsi que des contrôles financiers plus sévères". Le président iranien Ahmadinejad a quant à lui qualifié la résolution du Conseil de papier souillé sans valeur (5). Contrairement à M. Chossudovsky  nous ne croyons pas que cette résolution  fournisse «un feu vert à l'alliance militaire États-Unis-OTAN-Israël pour menacer l'Iran d'une attaque nucléaire préemptive punitive, appuyée du sceau du Conseil de sécurité de l’ONU.» (6).

C’est d’ailleurs la raison qui explique que les alliés de l’Iran,  la Russie et la Chine, ont préféré voter en faveur de cette résolution injuste, inique mais en pratique inoffensive, et que ces deux puissances n’ont pas l’intention de respecter comme le subodore monsieur Chossudovsky: «Si elle était pleinement appliquée, non seulement la résolution invaliderait les accords bilatéraux de coopération militaire avec l'Iran, mais elle créerait une brèche dans l'Organisation de coopération de Shanghai (l’OCS).» (7). Bonnes conclusions, monsieur Chossudovsky.

Il est dangereux pour les démocrates du monde et pour les peuples épris de paix et de justice de spéculer sur les alliances impérialistes et de proposer d’appuyer une alliance agressive (l’OCS) contre une autre alliance agressive (l’OTAN)  comme le suggère l’auteur de l’analyse: «La Fédération de Russie et la République populaire de Chine ont cédé aux pressions américaines et elles ont voté en faveur d'une résolution, qui n'est pas seulement préjudiciable à la sécurité de l'Iran, mais qui affaiblit sérieusement et sape leur rôle stratégique en tant que potentielles puissances mondiales rivales sur l’échiquier géopolitique eurasien.». (8) Qu’est-ce que les peuples du monde ont à gagner du renforcement des puissances mondiales rivales russe et chinoise? La guerre inter puissances rivales?

Pour preuve que personne ne compte respecter cette nouvelle volée de sanctions adoptée par le Conseil de sécurité, quelques jours après l’adoption de la Résolution 1929 le Pakistan signait un accord d’approvisionnement en gaz avec l’Iran et ouvrait la porte à l’approvisionnement chinois par oléoduc évitant le Détroit d’Ormuz tant menacé. Ce dernier point est de nature à indisposer fortement les Américains (9) qui perdent ainsi un puissant moyen de pression sur l’économie chinoise. Nous l’avons déjà écrit, les Américains ne font pas la guerre dans cette partie du monde pour construire des pipelines et assurer l’approvisionnement en hydrocarbure, mais pour entraver la construction de pipelines et l’approvisionnement de leurs concurrents commerciaux en pétrole et en gaz peu dispendieux (10).

Les Américains souhaitent-ils à ce moment-ci de l’histoire perturber l’approvisionnement en pétrole et en gaz de leurs alliés européens et japonais ainsi que de leurs concurrents et fournisseurs indiens et chinois? Nous ne le croyons pas. Une hausse drastique du prix des énergies fossiles entraînerait l’économie américaine et mondiale dans une crise indescriptible alors qu'elle ne s'est pas encore remise de la crise spéculative contre l'euro (11).

Qui est menacé par le porte-avion américain et ses complices israéliens ?
Il est vrai que le loup américain rôde dans cette contrée et il prépare une agression à grande échelle mais ce n’est pas à l’Iran qu’il va s’en prendre cette fois-ci. Les peuples du nord du Pakistan et du sud de l’Afghanistan courent d’immenses dangers et l’on peut s’attendre à des bombardements massifs et à des massacres de masses dans ces deux régions. Ceux qui souhaitent comprendre les motifs de ce branle-bas de combat au Proche-Orient doivent regarder du côté de l’éviction du général en chef des troupes d’occupation américaine en Afghanistan, le général Mc Chrystal, «démissionné» pour avoir refusé de mener une nouvelle offensive meurtrière dans la province de Kandahar (12).  Il ne faut pas crier «au loup» dès qu’un porte-avion américain se déplace – ils se déplacent constamment – mais il est requis de bien analyser la situation, sans se laisser berner par les officiers d’État-major israéliens. Sans cette élémentaire prudence l’analyste  devient leur porte voix et leur «papagaio» (perroquet).

Il faut dès à présent dénoncer l’agression imminente des forces combinées de l’OTAN, d’Israël et des États-Unis contre la résistance et contre les peuples du nord du Pakistan et du sud de l’Afghanistan.

Robert Bibeau
21.06.10

Notes:
(1)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=19864 
(2)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=19832
(3)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=19818
(4)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=19719
(5)   http://fr.wikipedia.org/wiki/Mahmoud_Ahmadinejad
(6) (7) (8)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=19719
(9)   http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=19864
(10) http://www.robertbibeau.ca/palestine/echappe.doc
(11) http://www.robertbibeau.ca/palestine/crisegrec.doc
(12) http://www.mecanopolis.org/?p=18295&type=1

Source: mondialisation.ca

Voici de VRAIS "mauvais exemples" pour nos enfants !





Le grand laïus chez tous les faux-culs médiatiques pour condamner la grève de l’entraînement des Bleus lors du Mondial il y a quelques jours, c’est de dire, la main sur le cœur: "C’est un scandale. Pensez à l’exemple que ça donne à nos enfants".

Un peu estomaqués, nous avons fait une petite collection de ce que nous estimons, nous, être de VRAIS mauvais exemples pour nos enfants dans notre pays:

Commençons par "le meilleur d’entre nous". Le Premier magistrat de France. Chanoine de Latran.
Celui qui, selon les mots de Debré , devait "incarner la France" une fois élu Président de la République...
Celui qui avait commencé sa campagne par le tonitruant "Vous en avez assez de cette bande de racailles?" "Nous allons nettoyer les banlieues au Kärcher"...
Celui qui, il y a peu de temps encore, pensait placer son fils, Jean, à la tête de l’EPAD...
A l’instar des médias français, nous jetterons un voile pudique sur le "Karachigate...."

Mais, n’oublions pas les NOMBREUX CHALLENGERS !
Entre autres :

Brice Hortefeux, Ministre de la République, condamné pour "injure raciale" à 750 euros d’amende, toujours en poste.

Frédéric Mitterrand, Ministre de la République, qui fait l’apologie du tourisme sexuel, et défend un cinéaste poursuivi pour viol sur mineure au motif qu’il a du talent...

Christian Blanc, Ministre de la République, qui dépense 12.000 euros d’argent public juste pour s’acheter des cigares.

Fadela Amara, Ministre de la République, qui héberge sa famille dans son appartement de fonction.

Eric Woerth, Ministre de la République, qui tarde manifestement à poursuivre les 3000 contribuables français identifiés évadés fiscaux en Suisse.

Il y en a eu tant d’autres depuis 2007 (sans parler d’avant...)

Ah, on nous signale que nous avons aussi un challenger international, vous aurez reconnu l’ONU, les USA et la grande majorité de la "communauté internationale", lors de l’opération "plomb durci" d’Israël sur Gaza à l’hiver 2009.

Alors, il est où le "MAUVAIS EXEMPLE POUR NOS ENFANTS", Mesdames et Messieurs les supporters et commentateurs de football ??!!

TIC et TAC
21.06.10
Source: bellacio

vendredi 25 juin 2010

"Dés-économiser nos sociétés"



Paul Ariès est l’un des porte-parole du mouvement des “objecteurs de croissance”. Leur slogan phare : “Moins de biens, plus de liens”.

Paul Ariès est membre fondateur du mensuel "La Décroissance" et du bimestriel "Le Sarkophage". Son dernier ouvrage, publié aux éditions la Découverte, s’intitule "La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance".

- Dès les premières pages de votre livre, vous attaquez de plein front le concept de développement durable. Pourquoi ?
- Parce que le développement durable est un oxymore. Il laisse croire qu’on a trouvé la solution pour sauver la planète et qu’il pourrait y avoir une possibilité de développement infini sur une planète finie. Pour nous, objecteurs de croissance, c’est une vraie ligne de démarcation.

- Pourtant le développement durable remet en cause une partie de ce que vous dénoncez, notamment la surconsommation et le pillage des ressources…
- Oui, mais c’est un peu "ok on a détruit la planète mais promis juré on ne le fera plus". En France, le développement durable est symbolisé par deux courants. Le premier est celui de Nicolas Hulot, qui est en fait un appel à la responsabilité individuelle. Il a un avantage pour les puissants puisqu’il dilue la responsabilité en disant que nous sommes tous coupables. On a aussi le développement durable version Medef : "un peu de croissance pollue, beaucoup de croissance dépollue, on va donc en reprendre pour un tour." Quant à Claude Allègre, il propose de passer d’une écologie culpabilisatrice à une écologie réparatrice, ce que j’appelle le "capitalisme vert". C’est un vrai projet, très sérieux, que j’expose en détail dans mon livre, mais qui n’est pas le mien. Un projet qui passe par l’adaptation de la planète, l’adaptation de l’écologie et l’adaptation de l’humain à travers le transhumanisme, pour permettre au système de perdurer.

- L’écologie politique estime qu’il est possible de passer à une économie décarbonisée, génératrice de milliers d’“emplois verts”
- Oui, le développement durable laisse croire qu’on pourrait réconcilier économie et écologie. Or ce n’est pas conciliable, c’est une vue de l’esprit que payeront les milieux les plus populaires. Ce qu’il faut au contraire c’est "dés-économiser" nos sociétés.

- Vous parlez de trois démarches distinctes : individuelle, collective et politique. Au niveau individuel, vous plaidez pour la simplicité volontaire. Qu’est-ce que c’est ?
- Je crois que la simplicité volontaire, c’est avant tout vivre chacun selon nos propres valeurs. S’efforcer de ne pas être un forçat du travail et de la consommation. Pour certains ça va signifier ne pas avoir de voiture, ne pas avoir de téléphone portable, choisir de travailler à temps partiel Tout ce que l’on peut faire à son niveau individuel est essentiel parce que dans les cultures de gauche, on avait tendance à renvoyer le changement de nos modes de vie au lendemain du "grand soir". Or c’est maintenant qu’il faut réenchanter le monde. En même temps, c’est insuffisant si les logiques dominantes restent en place. Et il faut veiller à ne pas sombrer dans un discours moraliste, car on ne changera pas la société en culpabilisant les gens mais en donnant envie et en suscitant le désir. D’où la nécessité des deux autres niveaux d’action : le collectif, et le politique, qui interfèrent avec la question du désir.

- En créant un parti politique ?
Non. L’objectif n’est pas de créer un parti mais plutôt une maison commune des objecteurs de croissance. Une maison ouverte aux quatre vents: le ralentissement, la relocalisation, le partage et le "prendre soin contre la société du mépris". Cette maison devrait être prête pour 2012 pour faire campagne, sans forcément présenter un candidat aux élections présidentielles. La décroissance est en train de devenir un mouvement culturel mais ce mouvement culturel souffre encore d’une absence de traduction politique.

- Et la traduction politique de la décroissance c’est quoi ?
- La vraie question c’est : veut-on avancer vers une société assurant à chacun les moyens d’existence ? Y répondre, c’est faire un choix politique. Dans les prochaines années notre combat va se mener sur base de mots chantiers: ralentissement, relocalisation, coopération, gratuité Il faut dire que la société du "toujours plus" est une société très efficace sur le plan anthropologique. Il faut lui donc lui opposer quelque chose d’aussi attractif. Or la seule chose aussi attractive, c’est la notion de gratuité et celle de revenu garanti.

- Il n’y aura plus besoin de travailler ?
- Ce n’est pas la fin du travail. C’est la fin du travail obligatoire et le début d’un travail libéré, émancipé. Le revenu garanti serait attribué à tous, indépendamment du fait que l’individu travaille ou non. Il permettrait à chacun de subvenir à ses besoins fondamentaux. Mais pour nous, la notion de revenu garanti doit être couplé avec celle de revenu maximal autorisé. Moi j’ai été très marqué par une intervention du ministre de la Santé du Brésil. Il disait "si on continue sur la voie des inégalités, on ne pourra bientôt plus parler de l’Humanité comme un genre au singulier". Parler de revenu maximal autorisé, c’est parler d’un tabou qui est celui de la dualisation de la société. Ça peut sembler totalement révolutionnaire mais le premier à en avoir parlé, c’est le président Roosevelt. Quand on se rend compte de ça, on voit à quel point du ketchup a coulé dans nos têtes en quelques années.

- Les questions que vous posez vont bien plus loin que le problème du réchauffement climatique.
- Bien sûr. Je ne suis d’ailleurs pas venu à la décroissance par l’écologie. Moi je suis avant tout pour la décroissance des inégalités. Mais même si notre mode de vie était généralisable, je ne m’y retrouverais pas. Je pense en effet que cette société de consommation, cette société du "toujours plus", ne permet pas d’avoir une vie bonne. Toutes les sociétés qui nous ont précédés ont toujours consacré une grande part de leur temps à l’humanisation, à "la fabrique de l’humain", la création du lien social via les rituels. Or nous sommes la première société à considérer que la fabrique de l’humain serait un sous-produit de la fabrication de richesses économiques. On pense arriver à résoudre les problèmes de communication en généralisant les téléphones portables. On pense résoudre les problèmes de scolarisation en généralisant l’informatisation et la wifisation des écoles. Nous, nous pensons que plutôt que d’ordinateurs, les écoles de quartiers en difficulté ont besoin de la présence de deux adultes par classe. Ce dont souffrent ces enfants, c’est l’absence de structuration et l’absence de modèle humain. Le monde capitaliste ne fait plus société. Les conditions minimales du vivre ensemble sont aujourd’hui en train de disparaître. Donc le grand enjeu pour nous est d’abord celui-là: retrouver ce lien et refaire société. Et pour refaire société, la notion de lenteur est essentielle.

- Est-ce que ralentir nos modes de vies va recréer des rituels ?
- C’est évident. Pour nous, décroissance économique = croissance en humanité. Notre slogan est d’ailleurs "moins de biens, plus de liens". Notre société souffre de dé-symbolisation car tous les rapports sont basés sur la consommation. On commence par consommer des objets. Puis on se met à consommer des humains, par la violence au travail, ou la violence conjugale. Et finalement on finit par se consumer soi-même, c’est le développement des conduites à risque ou de la toxicomanie. Cette logique économique, cette logique du toujours plus, est venue prendre la place de ce qu’était autrefois "la fabrique de l’humain" et qui passe notamment par ce travail de ritualisation. Pour nous, il va falloir apprendre à vivre beaucoup mieux avec beaucoup moins.

- Est-ce que vos idées progressent dans la société ?
- La décroissance est un mouvement relativement récent mais qui, en dix ans est devenu un mouvement culturel. Aujourd’hui, nos adversaires politiques se sentent tous obligés de se positionner par rapport à nous. Ce mouvement culturel est relayé par un certain nombre d’expériences, comme le retour du mouvement coopératif de production, de consommation, d’habitation La grande question est désormais celle de la traduction politique. Politiser des choses qui apparaissaient jusqu’à présent comme non-politiques: la vitesse, le territoire ou le prendre soin.

Interview de Paul Ariès par Grégoire Comhaire
22.06.10
Source: lalibre.be

jeudi 24 juin 2010

Dexia continue à financer les colonies: prêts à clôturer votre compte chez Dexia?





Dexia continue à soutenir la colonisation Israélienne. Dites stop avec nous!

Appel aux volontaires : clôture commune de 50 comptes en banque Dexia



Après plus d'un an de campagne, le Holding Dexia continue à soutenir financièrement la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens. En 2009 (c'est-à-dire après avoir promis de mettre un terme à ce financement le 31 mai 2008) nous avons la preuve que Dexia Israël a permis aux colonies d'emprunter 17 millions d'euros!

Les derniers éléments que nous avons débusqué ne concernent pas des crédits provenant des fonds de Dexia. Ils s'agit de transactions qui cadrent dans un contrat avec le gouvernement israélien. Lorsqu'une colonie a besoin d'argent et qu'elle ne peut attendre les aides qui lui sont promises par l'État israélien, elle fait appel à Dexia Israël qui, via son carnet d'adresses, trouve des investisseurs qui, eux, vont prêter à la colonie à travers des comptes Dexia Israel. La filiale israélienne du Holding franco-belge facilite donc de manière éhontée la colonisation des terre palestiniennes en servant d'intermédiaire, difficile à croire qu'ils ne se sucrent pas au passage. Grâce à ces opérations dirigées par Dexia, les colonies ont touché 17 millions d'euros en 2009. Plus d'infos dans notre lettre ouverte.

Malgré toutes les lettres, les questions parlementaires, les manifestations contre ces agissements immoraux, Dexia continue à collaborer à la colonisation israélienne de la Palestine. Pas question d'abandonner notre opposition.

Nous cherchons des clients Dexia qui acceptent de clôturer leur(s) compte(s) à l'occasion d'une action commune prévue aux alentours du 15 octobres 2010. Des gros clients et de clients plus modestes :-)  ! Objectifs pour le 15 octobre: 50 clients se rendent le même jours clôturer leur compte bancaire au siège de la banque Dexia à Bruxelles.

Il est plus que temps de marquer un coup. La plateforme "Palestine Occupée, Dexia Impliquée" cherche 50 clients qui, s'ils sont prêts à poser ce geste symbolique, peuvent remplir ce formulaire. Attention, nous n'appelons pas à un boycott contre la Banque Dexia, il s'agit d'une action symbolique qui, nous l'espérons, conduira Dexia à cesser tout contact avec la colonisation israélienne une fois pour toutes.

Lire la lettre ouverte de la plate-forme répondant aux explications de Jean-Luc Dehaene:
> http://www.intal.be/fr/article/lettre-ouverte-jean-luc-dehaene-concernant-dexia-israel

Remplir le formulaire:
> http://www.intal.be/fr/node/9195


Merci de faire suivre

Mario Franssen
Porte-parole de la plate-forme 'Palestine occupée - Dexia impliquée'
mario.franssen@ intal.be | +32 2 209 23 56 | +32 498 54 16 42
24.06.10

En Belgique, une plainte déposée à l'encontre de 14 dirigeants israéliens


Deux avocats belges, Me Georges-Henri Beauthier et Alexis Deswaef, ont annoncé, mercredi 23 juin, à Bruxelles, le dépôt d'une plainte pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre à l'encontre de 14 dirigeants politiques et militaires israéliens. Elle vise des actes commis à la fin 2008 et au début 2009 à Gaza, lors de l'opération militaire "Plomb durci". La plainte cite, entre autres, Ehoud Olmert, Tzipi Livni et Ehoud Barak, respectivement premier ministre, ministre des affaires étrangères et ministre de la défense à l'époque des faits. Le vice-ministre de la défense et ancien général de Tsahal, Matan Vilnaï, est également cité, ainsi que divers hauts responsables de l'armée et des services de renseignement.

Agissant notamment pour le compte d'un médecin belge d'origine palestinienne, Anouar Rashid Saïd El-Okka et ses deux frères, dont les champs de fruits et d'oliviers ont été intentionnellement détruits et brûlés au phosphore, les deux avocats s'appuient sur les dispositions de loi belge en matière de compétence universelle.

Leur plainte vise aussi le bombardement de la mosquée Al-Maqadmah, à proximité du camp de réfugiés de Jabaliya. Seize civils, dont des enfants, avaient été tués lors d'une attaque censée viser des militants du Hamas. Les avocats belges représentent 13 victimes, blessées ou qui ont perdu un proche.

Critère de "Rattachement"
Me Beauthier et Deswaef déposent au parquet fédéral belge un document très fouillé de 70 pages, reprenant, entre autres, les conclusions d'un rapport des Nations unies (la "mission Goldstone") sur les violences commises à Gaza. Il invite la justice belge à se saisir de leur plainte étant donné que "la Palestine n'étant pas reconnue comme Etat, son appareil judiciaire ne permet pas de telles poursuites".

Quant aux juridictions israéliennes, "elles ne présentent pas les qualités d'indépendance, d'impartialité et d'équité, telles qu'exigées par le droit international des droits de l'homme", note le texte.

Ce n'est pas la première fois que la justice belge est confrontée à une plainte concernant Israël. En 2001, des Palestiniens et des Libanais avaient tenté de faire juger l'ancien premier ministre Ariel Sharon pour les massacres des camps de Sabra et Chatila, en 1982. L'affaire avait tourné à l'incident diplomatique et la Belgique avait, dans la foulée, décidé de restreindre la portée de sa loi de compétence universelle. Celle-ci prévoit désormais un critère de "rattachement", à savoir l'implication directe d'un citoyen belge. Ce critère est rempli dans le cas présent, le docteur El-Okka possédant la nationalité belge.

Les biens que ce dernier possédait avec ses deux frères ont été entièrement dévastés, et son puits d'eau rendu inutilisable, alors que les cultures visées constituaient les seules ressources de sa famille, dans la région d'El-Zeytoun au sud-est de Gaza. Selon ses avocats, la région ne comportait aucun combattant palestinien et aucune arme n'y était stockée.

Jean-Pierre Stroobants
23.06.10
Source: lemonde.fr

mercredi 23 juin 2010

Patrice Lumumba : devoir de mémoire, droit à la vérité et soif de justice !



Compte-rendu de la conférence de presse de ce mardi 22 juin 2010.



François Lumumba, fils aîné de Patrice,  dépose plainte contre douze Belges impliqués dans l’enlèvement, la torture et l’assassinat de son père, Patrice Lumumba.

C’est en présence de Guy, le fils cadet de Patrice Lumumba, né après l’assassinat de son père que Christophe Marchand, avocat et Ludo De Witte, expert, ont présenté et éclairé le contexte de la plainte qui sera déposée en octobre prochain.

La conférence de presse s’est tenue dans les locaux de la Ligue belge (francophone) des Droits de l’Homme. Son président, Benoît Van der Meerschen, a déclaré que, pour pouvoir faire la morale aux gouvernements africains sur les questions des droits de l’Homme, il convenait de balayer d’abord devant sa propre porte.

Ludo De Witte a rappelé l’implication belge directe dans le morcellement du Congo à la fin de l’année 1960. Le gouvernement belge de l’époque a soutenu activement, sur le plan politique et militaire, les sécessions des provinces du Kasaï et du Katanga dans le but de renverser le gouvernement central, démocratiquement élu, de Patrice Lumumba. Le dossier complet constitué par Ludo De Witte peut être consulté (en néerlandais) sur le site www.apache.be).

Maîtres Christophe Marchand et Annemie Schaus (également professeur à l’ULB) se sont basés sur les conclusions de la commission parlementaire belge de 2001 qui avait établi que des militaires belges étaient présents sur le tarmac et dans l’avion où Patrice Lumumba a été torturé avant d’être livré aux bourreaux qui l’assassineront. Lors de la tenue de la commission parlementaire en 2001, Louis Michel (MR) avait promis la constitution d’un Fonds Patrice Lumumba mais cette promesse n’a pas été tenue.

D’un point de vue juridique, les douze Belges présents à l’époque et toujours vivants à l’heure actuelle peuvent être poursuivis pénalement pour participation à des crimes de guerre (transfert illégal, torture, n’avoir rien entrepris pour empêcher un assassinat). Selon une loi récente, les crimes de guerre sont imprescriptibles. Pour Maître Marchand, il s’agit d’un devoir de mémoire et il doit être accompli précisément en ce moment de commémoration des 50 ans de l’indépendance du Congo.

Aujourd’hui la famille entend se battre pour son droit à la vérité et étancher enfin sa soif de justice. Des associations et des militants congolais présents à la conférence de presse ont assuré la famille et les avocats de leur soutien.

ÉGALITÉ se joint à ces exigences de mémoire, de vérité et de justice et apportera tout le soutien possible à cette cause urgente. ÉGALITÉ rappelle à cette occasion que son programme réclame l’enseignement de l’histoire de la colonisation et de l’immigration à l’école. Le discours de Patrice Lumuba, qui signa son arrêt de mort, doit être étudié par la jeunesse de notre pays.

Nadine Rosa-Rosso
22.06.10

mardi 22 juin 2010

La Turquie s’éloigne de l’Occident, comme le reste du monde



La Turquie et toutes les nations émergentes, rendues confiantes par leurs succès économiques, s’émancipent d’une tutelle occidentale moralisatrice de plus en plus mal supportée, écrit l’éditorialiste Semih Idiz, dans le quotidien turc Hurriyet. «Cette attitude à l’égard de l’Occident n’est à l’évidence pas spécifique aux Turcs. De la Russie à l’Inde, de la Chine à l’Afrique on assiste à une réaction croissante et forte contre l’Occident. Certains parlent d’un retour de bâton « post-colonial», constate-t-il (...)

Ce texte, écrit avant l’assaut israélien, qui met en perspective l’initiative de la Turquie et du Brésil dans le dossier iranien, souligne tout en le déplorant l’aveuglement apparent de l’Occident sur les forces à l’œuvre. La séquence à laquelle nous venons d’assister illustre la distance croissante entre le monde qui nait et la façon dont il continue d’être perçu à l’Ouest. Lorsque la Turquie, jusqu’alors fermement arrimée à l’OTAN, et le Brésil, peu suspect de complaisance islamique, offrent une solution avec l’appui de la Russie à une crise diplomatique qui risque en permanence de dégénérer en conflit ouvert, l’Ouest, loin de se réjouir de voir le dossier avancer, n’a montré qu’embarras et méfiance.

Comment ne pas voir dans cette réaction une forme du mépris arrogant à l’égard de nations considérées comme de second rang, non habilitées à traiter des affaires du monde? Le dessin de Plantu publié à l’occasion - que nous percevons comme profondément insultant - l’illustrait on ne peut plus crûment, avec ses chefs d’Etats caricaturés en trois singes, l’un dément, l’autre aveugle et le dernier sourd. Ce qui nous échappe, tant il est difficile de se défaire des réflexes de dominants, d’entamer un dialogue constructif et respectueux entre égaux, c’est que vu d’Istambul, de Brasilia et d’ailleurs, l’Occident n’est plus la condition sine qua non de la solution mais une partie du problème. Ce qui pour nous relève de l’exigence indiscutable - au nom d’une morale irréprochable, comme de bien entendu - est perçu comme l’alibi déguisant une volonté de puissance appartenant à un passé révolu, ou au mieux, pour les plus indulgents dont fait partie Semih Idiz, une rigidité contre productive.

L’assaut sur la flottille turque, dans ce contexte, apporte une nouvelle pièce à un acte d’accusation déjà lourd. Israël, qui se vit comme un fortin occidental fiché au cœur d’un monde «barbaresque», porte à leur paroxysme tous les maux de l’ancienne domination coloniale, et résume la détestable injustice d’un ordre tout aussi ancien, qui refuse - ou est incapable - de se réformer. Car si les voix ne manquent pas pour proposer une analyse en termes «culturels» sous l’aspect d’un différend avec un Islam forcément rétrograde et extrémiste, à l’échelle de la scène mondiale les querelles bibliques et leurs prolongations contemporaines relèvent au plus d’étranges et lointaines traditions exotiques.Les innombrables dénégations quant au rôle central du conflit israélo-palestinien n’y peuvent rien mais reste un problème, bien réel lui, qui menace la paix et la stabilité du monde, et face auquel l’Occident continue de pratiquer un deux poids deux mesures non seulement injustifiable mais d’abord et avant tout dangereux, frisant l’irresponsabilité.

Comment s’étonner, dès lors, que d’aucuns tentent de contourner les blocages - et les blocus - nouent des liens et prennent des initiatives, dans une superbe indifférence à nos critères ?

Semih Idiz
01.06.10